Description

ambiance thermique chaude interieure

1.     Définition

On entend par « ambiance thermique chaude intérieure» une ambiance chaude par exposition à une ou des sources de chaleur liées aux situations de travail, le travail se déroulant à l'intérieur des locaux de travail.

L'ambiance thermique peut fluctuer bien évidemment en fonction des saisons si le local de travail est mal isolé et ou mal climatisé.

Il est classiquement considéré – en raison des effets sur la santé - comme du travail à la chaleur, le travail pour des températures > 30°C pour une activité sédentaire, et 28°C pour un travail nécessitant une activité physique.

 

                2.     Périmètre règlementaire

Le travail à la chaleur n’a pas de définition réglementaire.
Les ambiances thermiques sont évoquées dans les articles du Code du Travail suivants :
L. 4121-1, (principes généraux de prévention),
R. 4225-4 (eau potable),
R. 4222-1 (renouvellement de l’air),
R. 4213-7 et 8 (conception des locaux permettant d’adapter la température à l’organisme),
R. 4225-1 (protection contre les intempéries)
R. 4223-15 (avis du Médecin du travail et du CHSCT)

 

3.     Evaluation

3.1 Une ambiance thermique quelle qu’elle soit est évaluée à partir des indicateurs suivants :

·         la température de l’air (température sèche) mesurée avec un thermomètre

·         la température humide et le degré d’humidité de l’air mesurés avec un hygromètre

·         la température de rayonnement évaluée par la mesure de la température du globe noir

·         la vitesse de l’air mesurée avec un anémomètre

 

3.2 Une première estimation de l’impact de l’ambiance thermique chaude sur l’homme peut être effectuée à partir de 2 indices mis au point par des météorologues qui croisent seulement la température de l’air et le degré d’humidité relative de l’air  

             

  •   l'indice Humidex (utilisé au Canada depuis 1965) est donné par l’abaque qui définit 6 zones 

 

  •  le Heat Index Chart mis au point par le département américain de météorologie nationale définit seulement 4 zones.

 

Avec une exposition de longue durée à la chaleur et/ou une activité physique, ce diagramme montre que toute combinaison humidité / température donnant un indice supérieur à 90 expose les travailleurs à un risque de crampes musculaires dues à la chaleur, ou d’épuisement physique. Un indice supérieur à 105 indique un risque possible de coup de chaleur.

Attention : ce « Heat Index » est établi pour des conditions nuageuses (températures mesurées à l’ombre), avec un vent léger. Pour un travail en plein soleil, il faut ajouter 15 à l’indice obtenu.

 

3.3 Pour des ambiances thermiques modérées dans le secteur tertiaire, les indices PPD et PMV permettent de définir des zones de confort thermiques selon la norme NF EN ISO 7730 de mars 2006( indice de classement X35-203 : Ergonomie des ambiances thermiques - Détermination analytique et interprétation du confort thermique par le calcul des indices PMV et PPD et par des critères de confort thermique local) Ces indices évaluent l’impact psychologique d’une ambiance modérée froide ou chaude

3.4 Lorsqu’il existe un rayonnement important, l’indice W B G T : Wet and Bulb Globe Température ou Température Humide et de Globe noir selon la norme NF EN 27243 de février 1994 (indice de classement X35-201 : Ambiances chaudes - Estimation de la contrainte thermique de l'homme au travail, basée sur l'indice WBGT) permet de calculer les temps de pause éventuels pour des niveaux métaboliques donnés.

 

            WBGT = (0.7 . Thn) + (0.3 . Tg) à l’intérieur des locaux

WBGT = (0.7 . Thn) + (0.2 . Tg) + (0.1 . Ts) à l’extérieur

avec : Thn : température humide naturelle

            Tg : température de globe noir

            Ts : température sèche

 

 

Temps de pause à proposer selon l’indice WBGT et le niveau de métabolisme  exprimée en Met (Métabolic Equivalent of Task).

           

Travail                                                             Indice

< 1.5 Met                     30.1                 30.6                 31.5                 32.4                 33.0

< 2.5 Met                     26.8                 28.0                 29.5                 31.4                 32.0

> 2.5 Met                     25.1                 25.9                 28.0                 30.1                 31.5

Exposition                   110’                  45’                   30’                   15’                   5’

Repos                          10’                   15’                   30’                   45’                   55’

 

3.5 Sur les postes industriels, ou sous des climats tropicaux, le bilan thermique et la sudation requise selon la norme NF EN ISO 7933 de février 2005( indice de classement X35-204 : Ergonomie des ambiances thermiques - Détermination analytique et interprétation de la contrainte thermique fondées sur le calcul de l'astreinte thermique prévisible) évaluent l’impact physiologique d’une ambiance chaude : ils donnent des durées limites d’exposition et des temps de pause.

 

Bilan thermique (cf. méthode dite de la sudation requise) :

            B = M + C + Cresp + R – E - Eresp

M : dépense énergétique liée au travail,

P : échanges par conduction

C : échanges par convection

Cresp : échanges par convection respiratoire

R : échanges par radiation

E : pertes par évaporation

E resp : pertes par évaporation respiratoire

 

 

Si le bilan thermique fait apparaître une DLE (durée limite d’exposition) inférieure au temps de travail réel, il y a un risque pour la santé du salarié et des temps de pause doivent être proposés.

 

 

           4.   Effets sur la santé

L’homme est un homéotherme : sa température doit rester constante grâce à des phénomènes de régulation. Mais l’exposition à la chaleur peut déborder ces phénomènes de régulation et entraîner des effets sur la santé et des effets sur les performances (travail musculaire, activités sensorimotrices).

Effets physiologiques des ambiances thermiques chaudes

La régulation thermique sous le contrôle de l’hypothalamus a pour objet le maintien à un niveau relativement constant de la température moyenne du corps. La thermorégulation agit sur la production de chaleur métabolique, sur le transfert interne de chaleur (débit sanguin cutané) et sur le transport externe de chaleur entre la peau et l’ambiance (débit sudoral).

Un mécanisme d’acclimatement intervient lorsque les expositions sont répétées. Une meilleure tolérance apparaît alors et les réactions de l’organisme sont atténuées.

Avec l’exercice musculaire, la production de chaleur métabolique augmente, ce qui implique que l’organisme doit perdre davantage de chaleur.

 

En matière de performance, les ambiances chaudes contribuent à la détérioration de la précision dans l’exécution du travail. Pour les activités à forte composante musculaire, la compétition entre la fonction de transport d’oxygène et celle de transport de chaleur explique la baisse des capacités de travail physique.

La chaleur augmente par ailleurs les risques d’accidents car elle induit une baisse de la vigilance et une augmentation des temps de réaction. La transpiration peut aussi rendre les mains glissantes ou venir gêner la vue.

 

Les effets sur la santé se déclinent en fatigue, sueurs abondantes, nausées, maux de tête, vertiges, crampes… Ces symptômes courants liés à la chaleur peuvent être précurseurs de troubles plus importants, voire mortels : déshydratation, coup de chaleur, syncope…..

Les effets de la chaleur sur la santé sont plus élevés lorsque se surajoutent des facteurs aggravants comme l’activité physique et l’état de santé du sujet.

 

 

            5.   Principes de prévention

La prévention la plus efficace consiste à éviter, ou au moins,  à limiter l’exposition à la chaleur. Pour cela il est possible d’agir sur l’organisation du travail (augmentation de la fréquence des pauses, limitation du travail physique, rotation des tâches…), l’aménagement des locaux (isolation, climatisation, zones de repos climatisées, ventilation….), les matériels et les équipements.

Ces mesures doivent être accompagnées d’actions d’information et de formation des salariés.

 

 

            6.  Nuisance ne donnant pas lieu à une Surveillance Médicale Renforcée

                        7. Nuisance classée comme facteur de pénibilité pouvant faire l’objet d’une déclaration des expositions par l’employeur (article 28 de la loi n°2015-994 du 17 août 2015 relative au dialogue social et à l’emploi)

Les facteurs de risque et les seuils d’exposition applicables sont déterminés par l’article D. 4161-2 du Code du Travail.

Les seuils de facteur de pénibilité concernant les températures extrêmes sont applicables au 1er juillet 2016. Les seuils sont une exposition à une température inférieure ou égale à 5°C ou au moins égale à 30°C au moins 900 heures par an.

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(Source: Environnement Canada)

 

(Source: Environnement Canada)

 

(Source: Environnement Canada)

Références bibliographiques

BIBLIOGRAPHIE

Ganem Y., Meyer J.P., Luzeau N.,Brasseur G., Laborde L. , Pomian J.L..Ambiances thermiques : travail en période de fortes chaleurs. Document pour le médecin du travail. 2004 ; 97 : 51-68.

INRS. Ambiances thermiques : travail en période de fortes chaleurs. TC 97. paris. 2004.

INRS. Travail et chaleur d'été. ED931. Paris;2004.8 pages.

INRS. Conception des lieux et des situations de travail. ED950. Paris ;2011. 152 pages.

Recommandation R226 de la CNAMTS – Caisse Nationale d’Assurance Maladie des Travailleurs salariés elle précise les conditions du confort thermique en terme de température humide, sèche et vitesse de l’air dans les immeubles à usage de bureaux.

NORMES

NF EN 27243 Février 1994; indice de classement X35-201
Ambiances chaudes - Estimation de la contrainte thermique de l'homme au travail, basée sur l'indice WBGT (température humide et de globe
noir)

NF EN ISO 7730 Mars 2006; indice de classement X35-203

Ergonomie des ambiances thermiques - Détermination analytique et interprétation du confort thermique par le calcul des indices PMV et PPD et par des critères de confort thermique local

NF EN ISO 7933 Février 2005; indice de classement X35-204

Ergonomie des ambiances thermiques - Détermination analytique et interprétation de la contrainte thermique fondées sur le calcul de l'astreinte thermique prévisible

NF EN ISO 8996. indice de classement X 35-205
Ergonomie. Détermination de la production de chaleur métabolique

NF EN ISO 9920 Août 2009; indice de classement X35-206

Ergonomie des ambiances thermiques - Détermination de l'isolement thermique et de la résistance à l'évaporation d'une tenue vestimentaire

NF EN ISO 9886 Juillet 2004 Indice de classement X35-207
Ergonomie - Évaluation de l'astreinte thermique par mesures physiologiques

NF EN ISO 10551 Juin 2001 ; indice de classement X35-209

Ergonomie des ambiances thermiques - Évaluation de l'influence des ambiances thermiques à l'aide d'échelles de jugements subjectifs

NF EN ISO 12894 Septembre 2001 ; indice de classement X35-210

Ergonomie des ambiances thermiques - Surveillance médicale des personnes exposées à la chaleur ou au froid extrêmes -

NF EN ISO 15265 Décembre 2004 ; indice de classement X35-216

Ergonomie des ambiances thermiques - Stratégie d'évaluation du risque pour la prévention de contraintes ou d'inconfort dans des conditions de travail thermiques

NF EN ISO 28802 Mai 2012 Indice de classement X35-610

Ergonomie de l'environnement physique - Évaluation au moyen d'une enquête environnementale comprenant des mesurages physiques et des réponses humaines subjectives
 

REGLEMENTATION

Selon l’article R. 4223-13du code du travail, les locaux fermés affectés au travail sont chauffés pendant la saison froide.
Le chauffage fonctionne de manière à maintenir une température convenable et à ne donner lieu à aucune émanation délétère.


Selon l’article R. 4223-15 du code du travail, l'employeur prend, après avis du médecin du travail et du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail ou, à défaut, des délégués du personnel, toutes dispositions nécessaires pour assurer la protection des travailleurs contre le froid et les intempéries.

Selon l’article R. 4213-7du code du travail,les équipements et caractéristiques des locaux de travail sont conçus de manière à permettre l'adaptation de la température à l'organisme humain pendant le temps de travail, compte tenu des méthodes de travail et des contraintes physiques supportées par les travailleurs.Selon l’article R. 4213-8 du code du travail,les équipements et caractéristiques des locaux annexes aux locaux de travail, notamment des locaux sanitaires, de restauration et médicaux, sont conçus de manière à permettre l'adaptation de la température à la destination spécifique de ces locaux.

Selon l’article R. 4153-4 du code du travail, les jeunes travailleurs de moins de 18 ans ne peuvent être affectés qu’à des travaux légers qui ne sont pas susceptibles de porter préjudices à leur sécurité, à leur santé ou à leur développement

Selon l’article D.4153-36 du code du travail, il est interdit d’affecter les jeunes aux travaux les exposant à une température extrême susceptible de nuire à la santé

Selon l’article R. 4225-4 du code du travail, l'employeur détermine l'emplacement des postes de distribution des boissons, à proximité des postes de travail et dans un endroit remplissant toutes les conditions d'hygiène.
L'employeur veille à l'entretien et au bon fonctionnement des appareils de distribution, à la bonne conservation des boissons et à éviter toute contamination.

Robert L., Turpin-Legendre E, Shettle J, Tissot C, Aubry C, Siano B. Travailler dans une ambiance thermique chaude. RST 2019; n°158:31-55.