Description

1. Définition
On traite sous ce terme l’éclairage scénique
La lumière est créée puis canalisée par un ensemble d’outils que sont les gradateurs, les consoles et les projecteurs. La console lumière, ou jeu d’orgue, commande l’ensemble des gradateurs qui font varier la luminosité des projecteurs.
• Les projecteurs
Ces appareils se composent d’une lampe et d’un système optique, le tout étant protégé par une armature métallique. Les lampes utilisées sont des lampes à décharge en particulier les tubes fluorescents de 2 types soit des lampes tungstène halogène (TH) de température de couleur de l’ordre de 3000 à 3200 K soit des lampes aux halogénures métalliques (HMI ou MSR) dont la température de couleur est proche de la lumière du jour autour de 5600 K ou / et les LED ; Ils sont fixés sur un pied (au moyen d'un boulon) ou sur une perche (au moyen d’un crochet), et sécurisés par une chaîne (ou « élingue »). Ils sont raccordés au gradateur au moyen de câbles électriques, et ce, autant de fois qu’il y a de projecteurs. Il en existe, aujourd’hui, une multitude de sortes. Voici les plus courants :
- Les PAR ou projecteurs à réflecteur parabolique aluminé. Leur lampe est composée d’un filament allongé, d’un réflecteur et d’une lentille optique. Le faisceau lumineux projeté, de forme ovale, se nomme la « banane ». Il existe une grande variété de lampes et de châssis PAR, qui se distinguent par leur dimension, tension d’utilisation et puissance (PAR 16, PAR 36, PAR 46, PAR 56, PAR 64). Selon la lampe utilisée, l’éclairage obtenu diffère : CP60 (lentille lisse), CP61 (lentille martelée, faisceau plus diffus), CP62 (lentille striée, faisceau encore plus diffus et plus large) et CP95 (lentille très large, faisceau en nid d'abeille).
- La découpe est un projecteur qui permet d'obtenir une focalisation très précise du faisceau. Il se compose d’une lampe, d’un réflecteur et d’un bloc optique contenant les lentilles de focalisation, – en général deux lentilles convergentes. Deux manettes permettent de déplacer ces lentilles pour agir sur la netteté et l'ouverture. Ce type de projecteur peut accueillir plusieurs accessoires, dont les « couteaux », qui « découpent » la lumière selon des lignes droites.
- Le Plan Convexe (dit PC) est un bloc optique composé d’un chariot (comprenant une lampe et un miroir de réflexion), ainsi que d’une lentille fixe. En tournant une molette, on avance ou recule le chariot, ce qui permet d'élargir ou de réduire le faisceau lumineux. Il existe trois types de lentilles : PC clair, pour un éclairage aux contours nets, PC antihalo (à lentille martelée), aux contours légèrement flous, et Fresnel, pour un faisceau plus lumineux au centre que sur les bords.
Le gradateur (ou « bloc de puissance »)
Raccordé à tous les projecteurs, au secteur de la salle et au jeu d'orgue, il permet de faire varier l'intensité lumineuse d'un projecteur pour éviter que la lampe ne s'allume brusquement et à pleine puissance. La tension électrique varie alors entre 0 et 240 volts. On passe, en fonction de l'intensité électrique, du rouge à l'ambre, puis au blanc halogène. Il existe des gradateurs de 2, 3 et 5 KW. Le gradateur peut être fixe (sous forme d’armoire) ou mobile, et piloté électroniquement depuis la console.
Le jeu d’orgue ou pupitre de commande de lumière.
 La commande des gradateurs se fait généralement à l'aide d’un « jeu d’orgue ». Ce pupitre permet au régisseur lumière de fournir plus ou moins de lumière aux différents projecteurs. Les derniers modèles – dits « DMX » – sont de véritables ordinateurs capables de restituer des états lumineux stockés dans des « mémoires ». Pour créer ces états, il faut définir et programmer les différentes intensités que l’on souhaite pour les projecteurs (selon un pourcentage de 0 à 100%). Celles-ci seront ensuite communiquées au gradateur grâce au signal DMX. On peut également affecter des temps de montée et de descente pour l’enchaînement de ces effets. En parallèle à ces consoles DMX demeurent des jeux d’orgues manuels.
2. Périmètre réglementaire
La réglementation française relative à la prévention des expositions aux rayonnements optiques artificiels figure dans le code du travail (articles R. 4452-1 à R. 4452-31). Elle concerne les sources de rayonnement incohérentes ainsi que les lasers.
3. Evaluation des risques
L'évaluation des risques résultant de l'exposition aux rayonnements optiques artificiels auxquels les travailleurs sont soumis peut être réalisée à partir des données documentaires techniques en particulier des groupe de risque photobiologique.
La norme NF EN 62471 classe les sources de rayonnements incohérents alimentées électriquement en 4 groupes de risques photobiologiques :
groupe de risque 0, GR(0) : sans risque
groupe de risque 1, GR(1) : faible risque
groupe de risque 2, GR(2) :  risque modéré
groupe de risque 3, GR(3) :  risque élevé
Toute fois cette classification s’applique à un seul projecteur ; ainsi un projecteur classé GR (0) ne présente aucun risque particulier ; en revanche, l’utilisation simultanée de 5 projecteurs classés GR(0) de même type et de même puissance peut produire des effets non négligeables.
Cette même norme permet de calculer les distances minimales d’exposition admissibles pour une durée d’exposition de 8h et des temps d’exposition à ne pas dépasser.
Selon le type de spectacle, l’éclairagiste met en œuvre plusieurs centaines de projecteurs de puissance différente, programmés pour fonctionner à des moments particuliers et pendant des durées déterminées. A un spectacle donné correspond donc un plan lumière spécifique (type, nombre et puissance des projecteurs, positions sur la scène et dans la salle, durée et période d’allumage) ; l’exposition énergétique des artistes n’est donc pertinente que pour le spectacle concerné.
L’évaluation des risques associés à un plan lumière ne peut se satisfaire du schéma de classification proposé par la norme EN 62471 ; celle-ci ne concerne qu’un seul projecteur : elle ne permet que de sélectionner les appareils sans risque ou à risque faible, or un plan lumière peut être constitué de centaine de projecteurs de GR (0), lesquels peuvent induire un risque non négligeable . L’utilisation d’un logiciel de simulation tel que « CatRayon » développé par l’ INRS, s’avère indispensable.
4. Effets sur la santé
  •     Les résultats de l’étude de SALSI S. et BARLIER-SALSI A. ont montré que :
-Pour les lampes HMI : la plupart  sont du groupe GR(3) dans le domaine des UV Actinique (31sur 40) et UV A (38 sur 40) et dans le groupe GR(2) dans le domaine de la lumière bleue (22 sur 40)
-Pour les lampes TH : la plupart (19 sur 23 ) sont du groupe GR(3) dans le domaine IR A et IR B et toutes les lampes sont dans le groupe GR (1) dans le domaine de la lumière bleue
-Les lampes HMI présentent un risque supérieur au risque des lampes TH quelque soient leur puissance
-Il n’y a aucune relation directe  entre les distances minimales d’exposition pour ces lampes et leur puissance à titre d’exemple des projecteurs munis de lampe HMI de puissance 575 W et 2kw ont des distances minimales respectivement de 8,3 m et 8,5 m .
  •      Les lampes HMI présentent un risque d’affections aigues de la cornée (photo kératite), de la conjonctive (kératoconjonctivite) et de la peau
 (érythème, phlyctènes ..) et d’affections retardées telles que cataractes et vieillissement de la peau, élastose, carcinomes, mélanomes
  •      Les lampes TH présentent un risque d’affections retardées tels que les cataractes

  •  Les lampes LED n’émettent ni dans l’IR ni dans l’UV, le risque est lié à l’émission de lumière bleue qu’il conviendra d’évaluer. Le risque d'effet photochimique dépend de la dose de lumière bleue. Il résulte généralement d'expositions peu intenses répétées sur de longues durées. La phototoxicité se situerait au niveau de l'épithélium pigmentaire de la rétine où on assiste à la mort des photorécepteurs à la suite d'un stress oxidatif. Certaines populations sont particulièrement sensibles comme les enfants, les personnes atteintes de certaines maladies (pathologie du cristallin, DMLA, rétinopathies pigmentaires...) . Remarques : la lumière bleue est naturellement produite par le soleil ; elle représente 24 à 30 % de la lumière du jour contre 6 à10 % pour les UV A et B. La proportion de lumière bleue est de 26 % pour les lampes fluorescentes et de 35 % pour les LEDs blanches froides. De plus les LEDs peuvent avoir une luminance 1000 fois supérieure à une source d'émission traditionnelle.
5. Principes de prévention
·         La distance d’exposition et la durée d’exposition journalière aux projecteurs ne sont pas des paramètres réalistes au regard des durées d’exposition habituellement rencontrées à savoir de 1h 30 à 2h 30 et au regard des dimensions des scènes de spectacle pour réduire l’exposition des artistes et techniciens.
·         L’utilisation de lampes HMI double enveloppe (traitée anti-UV) ou de filtres anti-UV devant la surface d’émission des projecteur peut permettre de réduire d’un facteur 100 le rayonnement UV C et UV B et d’un facteur 4 le rayonnement UV A produits par la lampe
·         Les projecteurs dotés de LEDS n’émettent pas dans de rayonnement UV ou IR, cependant le risque lié à l’émission de lumière bleue persiste
·         Les filtres anti IR placés à l’avant du projecteur ont l’inconvénient de produire une lumière verdâtre impropre aux milieux du spectacle
·         Certains maquillages et certaines crèmes solaires sont de nature à protéger la peau des artistes et des techniciens
·         Le port de verres filtrants les UV, IR et lumière bleue sont recommandés quand ils sont compatibles avec le spectacle
 
6. Nuisance ne donnant pas lieu à une Surveillance Médicale Renforcée
 
7. Nuisance non classée comme Facteur de pénibilité.

Références bibliographiques

BIBLIOGRAPHIE
ANSES.  Effets sanitaires des systèmes d'éclairage utilisant des diodes électroluminescentes (LED). Octobre 2010.

INRS. Hygiène et sécurité du travail. Hors série. Rayonnements optiques et électromagnétiques. Paris;2016. 159 pages.


Barlier-Salsi A., Salsi S. Evaluation de l’exposition aux rayonnements optiques dans les locaux de travail et détermination des moyens de protection avec CatRayon 3.Hygiène et sécurité au travail. 2007. ND 2270 :43-57
INRS. Hygiène et sécurité du travail. Hors série. Rayonnements optiques et électromagnétiques. Paris;2016. 159 pages.

Crepy . Photosensibilisation, cancers cutanés et exposition aux UV. Documents pour le Médecin du travail n°97, 2004, p 112.

Salsi S.,
Barlier-Salsi A.. Exposition aux dispositifs d’éclairage scénique :
risque pour la santé des professionnels du spectacle vivant ou enregistré. Radioprotection 48, 2013, pp 391-410.

Barlier-Salsi A., Deniel M., Gautier M.A., Morélot Q..Exposition à la lumière bleue. Quels sont les risques ? Quel serait l’intérêt de lunettes à filtres anti- lumière bleue ? Références en santé au travail. 2016 ;147 :121-123.
Barlier-Salsi A., Deniel M., Gautier M.A., Morélot Q..Exposition à la lumière bleue. Quels sont les risques ? Quel serait l’intérêt de lunettes à filtres anti- lumière bleue ? Références en santé au travail. 2016 ;147 :121-123.
 
 
REGLEMENTATION
 Décret n°2010-750 du 2 Juillet 2010 relatif à la protection des travailleurs contre les risques dus aux rayonnements optiques artificiels
·       Code du Travail : articles R. 4452-1 à R. 4452-31 relatifs aux risques résultant de l'exposition aux rayonnements optiques artificiels en milieu de travail 
·     · Arrêté du 1er mars 2016 relatif aux modalités de l'évaluation des risques résultant de l'exposition aux rayonnements optiques artificiels en milieu de travail 
·         Arrêté du 14 décembre 2011 relatif aux installations d'éclairage de sécurité
 

RECOMMANDATIONS DE LA CNAMTS
           R 287 Travaux devant écran de visualisation. Protection du personnel
 
 
NORMES
·             AFNOR. Sécurité photo-biologique des lampes et des appareils utilisant des lampes. Norme française NF EN 62471.Paris. 2008. 46 P.
·          AFNOR. NF EN 14255-1 « Mesurage et évaluation de l'exposition des personnes aux rayonnements optiques incohérents - Partie 1 : rayonnements UV émis par des sources artificielles sur les lieux de travail » (mai 2005) ; 
·         AFNOR. NF EN 14255-2 « Mesurage et évaluation de l'exposition des personnes aux rayonnements optiques incohérents - Partie 2 : rayonnements visibles et IR émis par des sources artificielles sur les lieux de travail » (février 2006) ;
·          AFNOR. NF EN 14255-4 « Mesurage et évaluation de l'exposition des personnes aux rayonnements optiques incohérents - Partie 4 : terminologie et grandeurs utilisées pour le mesurage de l'exposition au rayonnement ultraviolet, visible et infrarouge » (décembre 2006).