ecran de visualisation
Description
1. Définition
Définition règlementaire : selon l’article R. 4542-2 du Code du Travail « on entend par écran de visualisation, un écran alphanumérique ou graphique quel que soit le procédé d'affichage utilisé.
On entend par poste de travail, l'ensemble comprenant notamment un écran de visualisation, un clavier ou un dispositif de saisies de données, des périphériques, un siège et une table ou une surface de travail, ainsi que l'environnement de travail immédiat. »
2. Périmètre règlementaire
Les articles R. 4542-1 à 19 du Code du Travail concernent le travail sur écran, la prévention des risques, l’ambiance physique de travail, la formation des travailleur et la surveillance médicale
3. Effets sur la santé
3.1 Travailler devant un écran peut entrainer une fatigue visuelle
Travailler devant un écran pendant plusieurs heures d'affilée peut entraîner une fatigue visuelle : sensation de lourdeur des globes oculaires, rougeurs, picotements, éblouissements, yeux secs, maux de tête... Le travail sur écran est révélateur de petits défauts visuels préexistants car il est très sollicitant pour la vue. La fatigue visuelle sera d'autant plus marquée que le poste est mal adapté (reflets sur l'écran, éclairement inapproprié, écran mal placé, distance œil – écran trop courte, mauvaise qualité de l'image, durée de travail excessive...). La préexistence d'un défaut visuel non corrigé augmentera aussi la fréquence des symptômes oculaires. Quoi qu'il en soit, tous ces symptômes disparaissent avec du repos.
3.2 Le syndrome de l'œil sec est favorisé par le travail sur écran
Le syndrome de l'œil sec, caractérisé par un manque de larmes provoquant des sensations de brûlure ou d'irritation peut être lié à plusieurs facteurs sur lesquels on peut agir :
- la climatisation, qui assèche l'air ambiant
- un écran placé trop haut par rapport aux yeux (plus on relève l’axe du regard, moins on cligne des yeux)
- la rareté du clignement des paupières lors de l'usage intensif de la souris qui peut entraîner de longues durées de fixation de l’écran (la sollicitation de l’attention réduit la fréquence de clignement)
Des études suggèrent un lien entre sécheresse oculaire et kératocône par le stress mécanique infligé à la cornée par des frottements mécaniques oculaires répétés.
3.3 Dans l’état actuel de nos connaissances le rétro éclairage des écrans de visualisation, des tablettes et des téléphones portables ne semble pas entrainer de risque pour la rétine
Le rétro éclairage des écrans d’ordinateurs s’effectue avec des LED. La diode électroluminescente, plus connue sous l'appellation LED (Light Emitting Diode), désigne un composant optoélectronique qui permet l'émission de lumière monochromatique très utilisé dans différents domaines tels que : éclairage, écrans visualisation (téléviseur, ordinateur, tablette, smartphone...) ou décoration.
Il existe trois méthodes LED pour créer une lumière blanche ; la plus répandue est celle qui consiste à utiliser la LED émettant dans le bleu, associé à une couche luminophore jaune, permettant de passer à la couleur blanche. La technologie LED est en plein développement du fait des avantages qu'elle présente par rapport à d'autres types d'éclairage : efficacité énergétique, durée de vie.
Le spectre d’émission des LEDs est étroit avec une prédominance de longueur d’onde courtes en particulier de lumière bleue. Les LEDs n’émettent ni UV, ni IR.
Risque photochimique des LEDs en rapport avec l’émission de lumière bleue :
- A des niveaux de luminance élevés, on constate un stress oxydatif des cellules de la rétine ; cet effet aigu est décrit sur des modèles animaux et est pris en compte par la règlementation pour déterminer des VLE.
- En revanche les conséquences d’une exposition chronique à la lumière bleue à des doses plus faibles sont moins connus et font encore l’objet d’études. Le risque d'effet photochimique dépend de la dose cumulée de lumière bleue. Il résulte généralement d'expositions peu intenses répétées sur de longues durées et pourrait être à l’origine d’une pathologie rétinienne telle que la dégénérescence maculaire liée à l’âge. Certaines populations sont particulièrement sensibles comme les enfants car leur cristallin transparent ne filtre pas la lumière bleue (avec l’âge le cristallin s’opacifie), les personnes atteintes de certaines maladies (pathologie du cristallin, DMLA...)
- Pour les LEDs présentes en rétroéclairage dans les écrans d’ordinateur, les tablettes et téléphones les niveaux d’émissions sont faibles et font encore l’objet d’études pour leurs effets sur la rétine.
- La recommandation de l’ ANSES, effets sanitaires des systèmes d'éclairage utilisant des diodes électroluminescentes (LED) d’Octobre 2010 ne concerne pas les LEDs utilisés dans les écrans d’ordinateurs.
3.4 Lumière bleue et perturbation de l’horloge biologique
Toute forme de lumière qu’elle soit naturelle ou artificielle est perçue par des récepteurs particuliers de l’œil qui régulent les rythmes biologiques par l’intermédiaire de la sécrétion de mélatonine. Ces récepteurs ont une sensibilité maximale pour des plages de longueur d’onde appartenant à la lumière bleue (460/480 nm). Dans l’état de nos connaissances actuelles, il est estimé que l’horloge biologique est particulièrement sensible à des niveaux lumineux faibles ( entre 30 et 100 lux) tels ceux émis par un écran d’ordinateur ou une tablette et qu’une exposition de 2 à3 heures inhibe partiellement la sécrétion de mélatonine.
Cet effet et les risques associés dépendent de l’heure à laquelle la lumière est perçue. La lumière favorise l’éveil mais en soirée elle peut interférer avec la sécrétion de mélatonine et entrainer un retard à l’endormissement.
La prévention repose sur une « hygiène lumineuse » avec limitation du temps passé, le soir, devant toute source de lumière enrichie en lumière bleue dont les écrans.
Actuellement il n’existe pas de consensus sur l’utilisation de filtres ou de lunettes jaunes filtrant la lumière bleue au poste de travail. Mais une utilisation de ce type de verre dans la journée n’a pas d’intérêt et pourrait même être nocive le matin.
Il existe des solutions logicielles qui permettraient de réduire la part de lumière bleue émise par les écrans. A ce jour, elles n’ont pas fait la preuve de leur efficacité.
3.5 Troubles musculosquelettiques (TMS) et travail sur écran
Le travail sur écran se caractérise par une posture statique maintenue pendant de longues périodes, et un travail répétitif effectué par les doigts, que ce soit pour la frappe au clavier ou pour les clics avec la souris.
Les douleurs cervicales peuvent être dues :
- au port de verres progressifs inadaptés qui entrainent l’extension du cou pour améliorer la visibilité de l’écran à travers la partie basse des verres correcteurs,
- à des documents posés à plat sur la table qui entrainent une flexion/extension répétée du cou pour visualiser alternativement écran et documents, à un écran placé trop haut ou trop bas par rapport aux yeux.
- l’écran est souvent trop haut lorsque le moniteur est posé sur une unité centrale. Il est souvent trop bas lorsque le salarié utilise un micro-ordinateur portable.
- des documents papier placés entre le clavier et le salarié sollicitent les épaules lors de la frappe car le clavier et la souris sont alors éloignés du salarié.
Pour le bas du dos, les douleurs surviennent lorsque le dos est trop rond ou trop redressé.
Un appui continuel du poignet pendant la frappe ou une souris éloignée du salarié constituent des situations à risque de TMS des membres supérieurs. Une utilisation du clavier sans jamais d'appui sollicite les épaules.
Le contenu de la tâche peut aussi avoir une influence sur la survenue de TMS. Par exemple, les douleurs cervicales sont plus répandues chez les salariés effectuant des tâches monotones que chez ceux qui ont des tâches plus variées. De même, une intense concentration peut provoquer une tension musculaire, source de TMS.
Le stress ainsi qu’une perception négative du contexte de travail favorisent l’apparition des TMS. Un des liens les plus forts entre stress et TMS s’exerce par le biais du tonus musculaire. Ainsi, lorsque l’on est stressé, on est plus contracté que d’ordinaire. En conséquence, les muscles ne peuvent pas se relâcher complètement au repos. De même, le stress favorise la réduction de la vascularisation périphérique et peut ainsi retarder les processus de réparation des micro-lésions tendineuses, musculaires…
3.6 Le travail sur écran peut engendrer du stress
Ce peut être le cas après l'introduction de nouveaux logiciels si la formation a été insuffisante. Le contenu de la tâche joue également un grand rôle. Ainsi, les salariés effectuant uniquement de la saisie de données, travail répétitif analogue au travail à la chaîne, sont généralement plus nombreux à présenter des troubles psychosomatiques que les salariés effectuant des tâches de dialogue (saisie et consultation de l’écran). Toutefois, le contexte de travail peut moduler cette différence.
La pression du temps est un autre facteur de stress important, qu'il s'agisse de travail sous de courts délais, de multiplicité des tâches ou de lenteur de l'ordinateur dans ses réponses.
4. Principes de prévention
Ils reposent sur le respect de la règlementation et s’appuient sur les normes suivantes :
- NF X35-102 Décembre 1998 : Conception ergonomique des espaces de travail en bureaux
- NF EN ISO 9241-6 Février 2000 : Exigences ergonomiques pour le travail de bureau à écran de visualisation. Partie 6 : guide général de l'environnement de travail ; indice de classement : X 35-122-6
- NF EN ISO 9241-5 Mai 1999 : Exigences ergonomiques pour travail de bureau avec terminaux à écrans de visualisation (TEV) - Partie 5 : aménagement du poste de travail et exigences relatives aux postures. Indice de classement : X 35-122-5
5. Nuisance ne donnant pas lieu à un Suivi Individuel Renforcé
6. Nuisance non classée comme Facteur de pénibilité.
Références bibliographiques
BIBLIOGRAPHIE
Le travail sur écran. Dossier INRS. Janvier 2003.
Les écrans de visualisation. Guide méthodologique pour le médecin du travail. INRS ED 666 (1998).
Circulaire DRT n° 91-18 du 4 novembre 1991 (non parue au J.O. - Voir B.O. n°91-23 du 20.12.1991).
Travail sur écran de visualisation et clavier. Aménagement du local et du poste de travail. Norme AFNOR NF X 35-121. Juin 1987.
Méthode d'implantation de postes avec écran de visualisation en secteur tertaire. INRS ED 51 (octobre 2004).
AFSSET.Expertise collective : synthèse et conclusions. Relatives à la saisine "Effets sanitaires des systèmes d'éclairage utilisant des diodes électroluminescentes (LED)".Saisine n°"2008-SA-0408". Version finale. Octobre 2010.282 pages.
AFE.Enjeux sanitaires liés à la lumière des LED. Le "Point de vue de l'AFE". 2010;12:1-6
NORMES
- NF X35-102 Décembre 1998 : Conception ergonomique des espaces de travail en bureaux
- NF EN ISO 9241-6 Février 2000 : Exigences ergonomiques pour le travail de bureau à écran de visualisation. Partie 6 : guide général de l'environnement de travail ; indice de classement : X 35-122-6
- NF EN ISO 9241-5 Mai 1999 : Exigences ergonomiques pour travail de bureau avec terminaux à écrans de visualisation (TEV) - Partie 5 : aménagement du poste de travail et exigences relatives aux postures. Indice de classement : X 35-122-5
REGLEMENTATION
Circulaire DRT n° 91-18 du 4 novembre 1991 (non parue au J.O. - Voir B.O. n°91-23 du 20.12.1991).
RECOMMANDATIONS DE LA CNAMTS
R 287 Travaux devant écran de visualisation. Protection du personnel
PRÉVENTIONS | EFFETS SUR LA SANTÉ | SUIVI DE L'ÉTAT DE SANTÉ | |
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RÉGLEMENTAIRES | RECOMMANDÉES | ||
réaliser un examen approprié des yeux et de la vue (écran de visualisation) | |||
recherche de pathologies osseuses, articulaires et périarticulaires | |||
syndrome de l'oeil sec | |||
fatigue visuelle | |||
RG 57 (attention : liste limitative) | |||
choisir un siège ergonomique | |||
choisir du mobilier de poste informatique adapté | |||
installer ergonomiquement le poste de travail avec écran | |||
aménager un espace de travail spacieux | |||
choisir des logiciels ergonomiques | |||
alterner les tâches |